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Sour Lounge
9 octobre 2005

De l'exaltation de la langue

Je désespérais trouver nouvelle prose à vous servir, ne tournant finalement qu'autour de journaux personnels, probablement plaisamment rédigés, mais sans cette richesse de fond dont vous vous dîtes, tiens ici on réfléchit, et je songeais avec un vague agacement me résoudre à ne publier que de l'image, photo ou illustration, commentée ou non, lorsqu'un étrange échange attira mon attention.


    terrain vague 


Certains fournisseurs d'accès ont la discourtoisie de limiter les commentaires à leurs membres, option certes laissée à l'appréciation du créateur de blog, mais dont la simple existence me semble autant relever d'une forme de cloisonnement en un espace où la communication se targue de prévaloir, que d'un raccolage mal déguisé pour alimenter les cohortes d'une même maison.

De tomber sur les mots d'Augustin, me toucha tant, je l'ai déjà narré, que ne laisser aucun commentaire, et passer mon chemin dédaigneusement aurait non seulement cautionné la ghettoïsation des brebis égarées hors le troupeau (il voudra bien me pardonner cette image dont l'artificialité n'est là que pour servir mon propos), mais également été à l'encontre de mon attirance pour toute forme de douleur ou de beauté.

Je signai donc, à une époque où je n'envisageai encore pas succomber à la frénésie du medium, comme l'on hérite d'un espace en s'inscrivant sur la plus connue des messagerie instantanée (dont je tairai obstinément le nom), espace promis à l'abandon puisque simple accessoire du propos initial, un terrain en friche au milieu de la Toile, existant pourtant.

Je pus commenter les mots d'Augustin, et par cette merveilleuse fonctionnalité de rétention des profils, l'accès aux autres blogs de ce fournisseurs m'est depuis grand ouvert sans plus que je ne songe à cette terre offerte à titre d'adhésion, tel un seigneur errant loin de son domaine.


    promotion notoire


Confrontant nos opinions, innovations et initiatives, faisant de la sorte déborder le virtuel sur notre réalité, nous échangeâmes la partie masculine de Gwangélinaël et moi-même autour de la fréquentation des blogs, laquelle selon lui se devait d'être alimentée en créant des passerelles vers d'autres points encore déconnectés afin d'attiser la curiosité, ce qui techniquement parlant revenait à laisser des commentaires avec l'adresse de la page.

Quelque peu sceptique quant à la quête absolue de la notoriété, je refusai longtemps cette pratique, par trop artificielle, et fort de cette volonté, une seule fois (et en vain) bafouée à ce jour, de ne donner l'adresse des céans à personne, pour laisser chacun entièrement responsable de sa présence en mes murs, je me confortai dans une prétendue modestie très à même de satisfaire mes illusions.

Pourtant les synergies observées des suite de l'application massive de cette doctrine par l'ami précité me donnèrent à penser que sa théorie était juste dans ses fondements, nonobstant un certain lobbying accharné, voire un prosélytisme forcené, et qu'à défaut d'être obligatoirement apprécié, il était visité.

Paradoxalement, de renseigner la case site de l'en-tête du commentateur, me libéra d'un certain complexe à l'idée de laisser des paroles stupides ou importunes auprès d'inconnus d'une science de l'écriture autrement plus fine et subtile que la mienne ou d'une maturité plus réellement adulte que la mienne, comme si les céans étaient ma caution, la lettre d'introduction m'autorisant en membre de la confrérie à m'exprimer chez les autres.


    assauts de courtoisies


Dans la même période, l'opportunité de commenter du censé ou du beau, me fut largement donnée, à croire qu'en message neuropsychique d'amplitude mondiale mes réflexions en la matière avait influencé la blogosphère afin qu'elle produise un excédent de qualité soudain, et je ne me privai pas de forger quelques phrases à titre de remerciement.

Les retours obtenus à mes retours furent, les fois où il y en avait, un réconfort exceptionnel pour l'ego, ce sentiment d'être entendu, donc reçu dans cette grande et belle famille de la blogosphère, où le soleil brille et les oiseaux chantent, et un passage inopiné par les statistiques acheva de me convaincre de la nécessité d'aller se faire connaître chez les autres.

Poussant la démarche dans ses dernières extrémités avant d'aborder le matraquage intensif et le terrorisme commentatoire (je l'avoue, les néologismes en -oire me paraissent dotés d'une absolue solennité), je retrouvai le chemin du domaine précédemment alloué comme prix de mon adhésion, sur lequel je ne pouvais diffuser l'adresse de mon refuge qu'en rédigeant une note et en ajoutant un lien.

Ce faisant je m'attardais quelque peu, observant avec surprise d'anciennes empreintes inscrites dans les mémoires de silicium, témoignages manifeste d'un lointain passage, y répondis, revins par acquis de conscience, notai de nouveaux commentaires auxquels je répondis encore, jusqu'à ce que l'improbable concentré de non-sens généré atteigne le point d'incompréhension, sans que je sache encore à quel point j'ai pu froisser mon dernier interlocuteur.


    Sir Dystic D'Arcy


J'avais déjà moult fois croisé ce pseudonyme aux accents aristocrates dans mes déambulations sur cet encore-lui fournisseur de blog, et pressentai confusément que le chevalier était membre de l'élite (oui ce fameux fournisseur sur lequel je m'acharne définit une hiérarchie que j'imagine basée sur la fréquentation ou le nombre de satisfecit reçus), le visitant donc brièvement pour m'en retourner chercher des perles plus anonymes.

Il était cependant maintenant question de courtoisie, j'avais eu droit à une visite, quelles qu'en soient les circonstances, accompagnée de commentaires, quel qu'en soit le sens, et la politesse exigeait de lui rendre la pareille, curieux surtout de prendre le poul du garçon avec qui je négligeais l'hospitalité.

tomtyler1

La première note, quelque peu dissuasive à mon sens, fut vite passée, mais la connexion avec la suivante/précédente par un jeu de contraste peut-être involontaire entre une photo pulp et un texte rédigé en argot parisien de 1900, doublé du rapprochement à l'art populaire, est éblouissante, je ne crois guère exagérer, et l'échange en instantané et en argot dans les commentaires est le garant incontestable de l'originalité du texte.

Je ne saurais rendre justice à ces phrases en les séparant de leurs consoeurs, pourtant des impératifs organisationnels et structurels m'imposent un quatrième paragraphe, bref de surcroît, et je me contenterai pour vous captiver de mentionner ceci : "J'vois qu'Milord n'a pas besoin d'être affranchi, manque pas d'atout pour v'nir battre comtois, l'est pas un balochard du bec. Et y bafouille pas en plus, y pourra y r'v'nir pour baguenauder ! Je lève la boîte à cornes pour l'occaze !"

    maison fondée en 2003

Si effectivement D'Arcy peut prétendre fair partie des anciens, de ceux qui n'ont pas attendu que les médias se saisissent du sujet pour entreprendre le vecteur-blog, en user et le défendre, on ne peut que reconnaître la chirurgie de son encre et la rigueur de son exercice.

L'esprit rock 'n roll, il décrira avec force détail tel groupe de punk initiateur du mouvement, après avoir exprimé la colère, glacée comme la lame d'un cutter, après encore avoir répondu à un questionnaire alambiqué ou abordé une question philosophique, mes favoris à cette heure restant les aphorismes parsemés nonchalament au gré des pages et des mois.

Pas un seul instant il ne se départit de cette précision stricte dans le raisonnement, la narration ou le vocabulaire employé, au point qu'on en perçoit parfois le difficile travail de cisellement, un amoureux de la langue française en somme, s'appliquant à la magnifier en retour pour nous la mieux faire apprécier.

Vous conviendrez que je ne pouvais réfréner mes élans vocabularistes (en -iste aussi, mais moins) et mes circonvolutions circonstancielles ou subjonctives après m'être gorgé de semblable nectar, aussi voudront me pardonner les plus occupés d'entre vous de vous avoir dissuadés d'arriver jusqu'à ces excuses, ce que ne manqueront pas de leur transmettre les plus assidus.

    Florilège


En exergue du titre: "My heart is black, and my lips are cold. Cities on flame with rock and roll…/Mon coeur est noir, et mes lèvres sont froides. Cités en flammes et rock & roll ...
Three thousand guitars they seem to cry. My ears will melt, and then my eyes…/Trois milles guitares semblent pleurer. Mes oreilles fondront, ensuite mes yeux ...
" Blue Öyster Cult (Cities on flame)


"...vient de me donner le relais pour un test tout à fait superflu (pléonasme) parce qu'elle aime ça et moi aussi.
En effet les questions sont un peu osées puisqu'elles nous placent dans la possibilité d'être le centre d'intérêt d'artistes de notre choix, ce qui est pour le moins improbable. En effet, si j'avais une existence tout à fait exceptionnelle, en tout cas au moins très intéressante pour être filmée je n'écrirais pas un blog mais un livre autobiographique… Cela dit toutes les existences sont suffisamment singulières pour être racontées…
Je me suis donc prêté de bon cœur à cet exercice étonnant (et difficile parce que surréaliste justement.)
"

"             Séducteur…                                
                               
… c'est réducteur ?
Ou c'est serré du cœur ?
"


"Éloge de l'egotisme                                
                               
Et au septième jour, D'Arcy compta ses bonbons et il vit que cela était bon."


"Un rêve stupide                                
                               
Je ne suis pas comme vous, je ne suis pas comme vous, je ne suis pas comme vous… J'ai senti tellement de choses jusqu'à présent… Gardé l'être étrange près de moi, je sens son souffle sur mon épaule. Sa chevelure de poussière, sa bouche mascara à travers le verre avide de mes lèvres. J'ai respiré son opium, le souffle du dragon au parfum de cristal. J'ai exploré ma chair jusqu'à me transpercer, les membres sanguinolents dans une baignoire amère pour retrouver l'elixir solaire de son sang pailleté. J'ai creusé ma terre, me suis arraché les ongles, les os, les veines… Et toujours sa bouche à l'encre noire dans ce puits solitaire, reflets de pourpre, salive cerise. À se tordre. Et parfois je regarde à travers la vitre et je vois ses ailes, ses immenses ailes. Juste au-dessus de l'horizon. Elles contiennent le soleil, vous savez. Elles l'empêchent d'arriver jusqu'à moi. Elle m'empêchent d'écouter les autres, je suis comme un soleil de poche. Je ressens juste un peu de chaleur sur ma peau, juste une tête d'épingle, une morsure d'insecte, un peu de bonheur, un point au cœur… Et le monde de continuer de tourner. Haut, si haut. Et moi qui ne suit pas comme vous.

Je hais les miroirs."

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Commentaires
D
D'accord avec vous sur le rapprochement physique des bloggers, dans l'absolu du moins. Je conçois en effet un certain agacement à l'évocation de ces rencontres de bloggers, non que je ne reconnaisse la possibilité de tisser des liens autrement que virtuels (j’y aspire parfois), mais parce qu’il me semble stérile de résumer un individu à ce qui ressort de ses notes, au point de vouloir en discuter de vive voix. Je citerai pour exemple Aurora (dont je vous dois la découverte) : son propos est définitivement passionnant, mais si Aurora parle de BDSM, je doute que la personne derrière ce pseudonyme n’ait que ce sujet de préoccupation dans la vie. De même qu’il me paraît navrant avec mes amis de nous rabattre sur le sujet blog lorsque nous avons épuisé les autres sujets de conversation.<br /> Quant au médium blog, il ne fait aucun doute qu’il s’installe toujours plus avant dans notre cybersociété, en tant qu’outil de démocratisation de l’internet, vecteur alternatif d’information (quelles qu’en soient les dérives – la dernières notes de pointblog (merci également pour cette référence) étant représentative en la matière) et support de libre expression. Et à ce titre, je crois que la plupart des « hard-bloggers » ont ce même réflexe d’écumer les liens (catégorisés ou liés à un commentateur) pour découvrir autre chose, surtout s’il est question d’accéder à de nouvelles sphères de réflexion.<br /> Enfin, toujours par rapport à pointblog, il me semble que nous ne sommes pas bien loin de cette Césarisation que vous craignez, aussi stérile soit-elle. Sans doute ce sempiternel problème de compétition …
S
Il est normal à mon avis quand on a une représentation physique vis à vis des autres blogueurs de parler de temps à autres de cette expérience, il y a des magazines sur tout, des émissions de télé sur tout (et je suis sûr que le monde des blogs sera abordé un jour à la télé), c'est comme ça et c'est pas mal, ça permet d'avoir sous les yeux des pistes vierges à explorer. Comme la critique d'aun disque de rock, au bout d'un moment on sait qu'on peut faire confiance. qu'on peut tenter.<br /> Je lis pointblog dans le genre, c'est plus technique, ça ne parle pas trop des communautés maison voit l'évolution de l'outil blog.<br /> Je clique aussi sur les liens préférés des blogs que je lis, je découvre des choses, si en plus on m'explique pourquoi on a mis untel ou untel je trouve ça très sympa.<br /> Par contre les classements je n'aime pas, je crois que le truc le pire serait un César du blog une fois pas ran, là ça me couperait les pattes…
D
>Benoit XVI : Plaisante manière de souligner à quel point mon verbiage vous saoûle, mon pépère (à propos de souvenirs, il m'avait semblé que le pontificat de votre prédecesseur était tout sauf court ...)<br /> <br /> >Sir D'Arcy : J'aime beaucoup votre perception de la phrase et du rythme, vous en parlez fort bien, et n'en déplaise à mes hôtes habituels, voici qui me donne envie de repartir en de folles chevauchées sur la croupe du langage.<br /> Grand merci par ailleurs pour cette note en vos pages, ceci est cruellement élégant, et me plonge dans un embarras sans nom. Je me sens un peu dans la peau du gibier tétanisé par un projecteur et n'attendant que la détonation finale. De l'inconvénient de quitter la garenne pour s'aventurer en ville ... Je m'en exprimerai là-bas lorsque le courage de m'exposer un peu plus aura pris le pas sur la gêne timide.<br /> <br /> >Loupiot : N'importe quoi, admettons, vous êtes mieux placé que moi pour en juger. Il n'empêche que l'ensemble est plaisant et agréablement formulé. Restez donc, nous ne sommes pas à ça près.<br /> <br /> >PALEBLUEYES : Navré de vous insupporter par la redondance de ces pages. Vous parlez d'analyse, je préfère autoanalyse. La présente démarche découle en effet d'une prise de conscience, à savoir la fascination que ce vecteur suscitait chez moi. De m'en exprimer, de présenter les choses qui m'interpellent, de réfléchir à la place de ce médium dans l'électroverse sont autant de moyens d'exorciser ces sentiments et de comprendre cette attirance.<br /> En outre, les visiteurs habituels ont pour grande part accédé à la blogosphère durant la même période que moi, et ces notes étaient destinées à leur faire bénéficier du fruit de mes errances.<br /> Je comprends l'incongruité de parler de blogs sur un blog, si tout le monde en faisait autant, je serais bien en peine de produire de l'intérêt. Pourtant de placarder une liste de liens sans autre explication me paraît stérile, j'aime à faire savoir pourquoi ils sont là, et les phénomènes que j'observe me laisse parfois pantois.<br /> Je pourrais certes vous parler de moi, de mes errements, de mon petit quotidien, ou être plus ambitieux et commenter l'actualité. Une certaine forme de pudeur, de timidité ou de paranoïa m'interdit de vous narrer mes inénarrables aventures, et je n'ai pas l'esprit assez journalistique pour vous parler du monde qui nous entoure, autrement du moins qu'en pauvres vers lorsque l'irritation demande à être exprimée.<br /> Enfin, les sujets abordés ici me tiennent à coeur, et j'aime à croire que le recoupement des informations exposées permet de se forger un portrait, quel qu'il soit.<br /> Ceci étant dit, vous êtes la bienvenue, votre franchise est appréciable.<br /> Quant à la musique de D'Arcy elle entre dans la zone d'ombre sur laquelle je n'ai encore posé le faisceau de ma torche, mais je vous crois sur parole.
P
PS: sinon d'Arcy il écoute de la trop bonne musique dit mon fils!!!!!!
P
Terrible de lire de plus en plus souvent et sur toutes les plate-formes ces longues analyses sur les blogs .Les blogueurs parlent blogs .Parlent de leurs soirées blogs;Du blog de l'autre , si mal écrit .Du blog d'à gauche si émouvant .Du blog tricheur/fake q"ui est top-ten mais c'est pas juste"...Parlez moi de vous, du monde,du ciel...Quand aux stats, une fois compris le système , soit ça flatte, soit on casse le truc, pour ma part j'ai trouvé la parade .
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