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Sour Lounge
11 octobre 2008

Maurice G. Dantec : Le théâtre des opérations, journal métaphysique et polémique, 1999

Le premier bouquin à m'avoir fait peur avant de passer la couverture, cette préscience que j'ouvrirais une boîte de Pandore non identifiée, peut-être. Puis ce fut l'immersion, un dictionnaire sous la main pour m'y retrouver entre néologisme et terminologie pointue, une lecture à me transformer la pensée.

Puis il y eût Le Laboratoire de Catastrophe Générale, et American Black Box, ce dernier à ce jour infini. L'éblouissement premier s'est dissipé, ne reste que cette fascination pour un cheminement de pensée, pour la brillance de certaines idées, et pour cette perpétuelle volonté de s'affranchir des pensées institutionnalisées en revenant à la source de la pensée.

Maurice G. Dantec peut être un sale con, je ne le connais pas, peut avoir des pensées choquantes, je ne les partage pas toutes, loin s'en faut, n'en reste pas moins qu'il m'aura servi d'escabeau vers une marche supérieure du rapport à l'écriture.

02_The_Future_Of_Mankind_by_reverberance

Les sociétés humaines, et particulièrement la nôtre, semblent basées sur une inversion totale des préceptes darwiniens de la sélection naturelle, comme si elle s'acharnaient à vouloir absolument privilégier le plus médiocre aux dépends de l'exception. Je ne suis pas loin d'envisager qu'il puisse s'agir précisément d'un retournement spécifique du vivant à l'œuvre chez l'homme, une "sécurité" chargée de brider pour un temps les capacités proprement explosives du cortex humain.

[...]

L'homme est une crise, un appareil critique de la nature, il n'a pas pour finalité l'aboutissement du processus naturel et/ou historique, pas plus qu'il n'est un simple assemblage hasardeux né d'une main invisible jouant aux dés, l'homme semble être là pour détruire l'ordre naturel, pour disséquer, dissoudre, corrompre, contaminer le monde phénoménal de ses propres expériences.
[...]
il est lui aussi un produit de l'évolution, mais en creux, en négatif. Si on voulait le traduire dans le domaine sensoriel, on pourrait le comparer à la faim.

[...]

L'homme ne comble aucun manque dans le monde biologique, sa nécessité, tout autant que les chances statistiques de son avènement et surtout de sa survie, sont très minces, il est un luxe, une fantaisie, certes reproductible avec d'infinies variations dans le mégacosmos qui nous entoure, mais il n'en est pas moins inutile, sur le strict plan de la "nécessité" biologique. Comme l'art, il est un luxe, une dépense d'énergie totalement inconsidérée sur le strict plan de l'utilité.

[...]

L'homme n'est pas seulement un superprédateur régnant au sommet de la pyramide animale, régulateur semi-divin de l'ordre naturel, il est aussi l'anti-prédateur, sous toutes ses formes, l'anti-animal, l'animal doté de mémoire, incapable de ne pas apprendre, toujours en quête de connaissance, jamais rassasié, jamais fini, imparfait, et imperfectible, il forme une synthèse disjonctive, avec laquelle la nature doit se débrouiller.

[...]

La vie animale et l'homme plus encore sont des phénomènes paradoxaux et néguentropiques, pour lesquels la survie passe par l'élimination sélective des gènes les plus "adaptés" au milieu.

[...]

L'homme en tant qu'entité biologique est complètement inadapté au monde qui l'a vu naître.

[...]

La société humaine est donc une béquille, une prothèse qui vient combler l'espace vide d'une mutilation. Une prothèse, donc un artifice, et qui plus est un artifice toxique, créant une dépendance.




Illustration : 02 The Future Of Mankind, de ~reverberance, sur DevianArt

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